Ma mère est morte. Cancer des poumons. Elle n’a jamais fumé de sa vie. Ni bu d’ailleurs. L’oncologue dit que parfois ça arrive. Pas de bol c’est tombé sur elle. Elle l’a appris le 2 janvier histoire de bien commencer l’année. Année qu’elle ne finira jamais. Métastases à tous les étages. Elle aimait son oncologue au moins autant qu’elle s’accrochait à son cancer. C’était une guerrière ma mère. Une syndicaliste acharnée. Elle ne lâchait jamais rien. Même quand elle avait tort. Alors une fois à la retraite son cancer c’était sa bataille. Elle souffrait d’une forme rare, et, très vite est devenue un cas d’étude. En quelque sorte elle en était ravie. Je sais que peu de vous le comprendront mais vous ne connaissiez pas ma mère.
Elle était fière de ne pas perdre ses cheveux à la première chimio. Fière de porter une perruque à la troisième. Elle connaissait toutes les infirmières, tous ses amis d’infortunes venant recevoir leur dose. Elle parcourait l’hosto avec un tee-shirt violet portant l’inscription On le vaincra ce salopard ! Et elle y a cru. Jusqu’à la fin. Même quand elle ne pouvait plus parler je le lisais dans ses yeux. Il l’a eu finalement. Vite même. J’étais là quand l’onco lui a proposé un traitement expérimental. Puisque rien ne fonctionnait. Puisque son cancer était rare. Puisqu’en suivant ce protocole elle pourrait sauver des vies. C’était un putain de bon vendeur son onco ! Un putain de menteur.
C’est la sienne de vie qu’elle aurait dû sauver. Pour moi, pour mon frère et pour sa fille qu’elle n’aura jamais connue. Même sa mort, aussi tragique soit-elle, était héroïque. On l’a débranchée c’est ce qu’elle voulait. Ça a pris trois jours. C’est long trois jours quand on pense que chaque souffle sera le dernier. L’onco était là. Il a pleuré quand ma mère est partie. Il l’aimait bien.
Véronique Lanonne @2019
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