Je regarde un paquet d’infos chaque matin, vite fait, juste pour me donner le ton de la journée. Je regarde passer « les grandes gueules » qui l’ouvrent toujours dans le même sens, Pujadas et ses indispensables, qui me parle, comme si j’étais débile. Apolline sur RMC qui me dit que l’hiver vient. Pas joli, joli tout ça ! Pis je tombe sur TPMP et là je me rends bien compte que j’ai touché le fond de la cuve, alors, je déconnecte. Je reste avec ça. Je joue à OMS fais-moi peur, j’ingurgite des chiffres, des statistiques, moi, qui suis nulle en math. Je fais ma méditation du matin et tout s’apaise. Tout est silence. Calme et recueillement. Adieu pourcentages, courbes et autres misères. J’oublie.
Je me recentre sur l’hiver qui vient et avec lui, ici, un bon paquet de poudre blanche. Je vais en bouffer encore une fois. Par choix. Une tempête après l’autre. Pluie verglaçante et poudrerie. Ça, ce sont des vrais emmerdements. On apprend à vivre en cohérence avec sa pelle, moi je vous le dis. On prépare sa tuque et ses mitaines. On range les escarpins dans le placard et on sort la peau de mouton. Celle, bien chaude, qui enveloppera nos gerçures. Parce qu’on aura froid, tout de même. Quoi qu’on fasse, on aura froid. Mais mon Dieu que c’est beau l’hiver ici ! Alors j’oublie que l’hiver est dur. J’oublie que les températures frisquettes vont me geler les poils du nez. J’oublie ma pelle, le verglas, la tempête. J’attends les premiers flocons. J’attends que le verglas recouvre les arbres et les fassent scintiller. J’attends la lumière du matin d’hiver quand elle se pose sur le blanc. J’attends le bruit de mes pas crisser sur la neige. J’attends le silence. Celui de l’hiver.
Voilà, mon vieux Puja, Appo et tous les autres, voilà ce que c’est mon monde. C’est pas des chiffres, des pourcentages et des courbes. C’est pas des morts ou des bientôt morts. Mon monde c’est la vie. LA VIE. Et mon Dieu qu’elle est belle.
Véronique Lanonne @2021
C'est pas juste ça ton texte, mais je penses que tu commences à voir l'hiver dans mon regard. J'aime les tempêtes, la poudrerie, le vent qui nettoie tout et qui nous emporte ailleurs. L'odeur d'ozone d'avant la neige, le froid qui sent bon. Tu commence à te québéciser. Manque juste le satané papier , qui arrivera peut être avec les premiers flocons.