J’ai touché le fond. Je l’ai su ce matin en enfilant ma culotte. Une en coton élimée, sans fanfreluches, sans dentelles, de celles qu’on ne jette pas tant elles sont confortables. La couleur d’origine a disparu, un des élastiques pend. Une horreur. Mais je suis bien dedans. Rien qui gratte. Rien qui se fourre là où ça doit pas. Confortable. Et là, j’ai su que j’avais abandonné. Une culotte et tout s’éclaire. J’ai lâché l’affaire. J’y crois plus. Et même si l’occasion se présentait, elle serait l’ultime barrage car jamais au grand jamais, sauf dans le noir total je n’en supporterai l’effet castrateur. Je ne suis pas Bridget et il y a peu de chance que je rencontre Hugh Grant. J’ai tellement honte ! Comment ai-je pu en arriver là ? Moi qui arborais guêpière avec fierté il y a deux ans à peine. La loose. Je crois que la dernière fois que je l’ai porté celle-là j’étais mariée. Depuis des années je précise. J’insiste. C’était la fin. Je dis pas ça pour me dédouaner mais un peu quand même. J’ai pas fait d’effort j’en suis consciente. Tout ça n’explique pas comment j’ai pu en arriver là...
Un divorce sanglant, un amour perdu, une trahison sans nom. Oui. Mais après. Parce qu’il y a eu un après. Après, les fanfreluches étaient de retour. L’aventure. Les aventures. Et là c’était la fête de la dentelle, du rouge guerrier, du noir tempête, du blanc virginal, des bas et des portes jarretelles galères mais tellement sexy. J’étais au comble de la féminité. Deux ans. Et ce matin j’enfile l’infâme. La rebutante. Celle qui dit c’est fini. Tu cherches plus. T’as jeté l’éponge. Je suis K.O. Hors circuit. Plus coté en bourse. Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. J’ai écumé les sites de rencontre, je me suis pliée aux jeux sournois des photos, des profils débiles qu’il fallait remplir, des cases à cocher pour se définir. Les algorithmes ont eu raison du peu de motivation qu’il me restait. 50 ans c’est pas vendeur. Je suis plus sous garantie constructeur. Terminé.
J’hésite mais à l’heure où je vous parle j’ai enfilé un jean sur la maudite culotte, elle résiste. Je lance une prière à l’univers. Hugh si tu m’entends… Viens me sauver… Je t’attends…
Véronique Lanonne @2019
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