Je lui ai pardonné. Ça m’a pris des années. Des années de colère guidée par le sentiment d’injustice. Des années de haine au creux du bide. J’ai nourri la bête à coup de photos, à coup de souvenirs, à coup de vino. J’ai exploré tous mes bas-fonds, des grottes où l’on enterre les cadavres, aux gouffres du désespoir. J’ai failli franchir la porte mille fois. Pour qu’il paie. Pour qu’il souffre. Pour qu’il culpabilise. Entraînée par une force que j’avais moi-même initiée. La peur.
On dit que deux sentiments s’affrontent. L’amour et la peur. Le reste n’est qu’une déclinaison. Le pardon est un pont. Il y en a d’autres. J’ai choisi de pardonner. Je ne vous dirai pas que c’est la chose la plus facile à faire. Il n’y en n’a pas de plus difficile. Mais quand, enfin, j’ai réussi, je me suis sentie puissante, emplie d’une nouvelle force. D’un courage qui me rendait fière.
Oui, mais voilà, quand tout s’arrête, quand la bête disparaît, le vide s’installe, et, avec lui, la solitude. Le travail, le vrai, commence. Pierres après pierres on reconstruit. On s’apprend. On s’expérimente. On comble le vide. L’amour est une force inépuisable. La source de toutes choses. L’amour est un choix, poser sur vos actions, vos réactions. Il demeure, pourtant, le sentiment le plus difficile à ressentir.
Véronique Lanonne @2021
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