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  • Photo du rédacteurVéronique Lanonne

LES HISTOIRES

Je me raconte des histoires. Souvent très belles après deux verres. Je rêve ma vie. Je rêve le monde. J’affronte ma souffrance et bien des fois je gagne. Parfois non. C’est pire. Alors je me ressers un verre ou deux pour embrumer le passé et ça marche. J’oublie. Je suis peut-être faible, je suis peut-être lâche mais quand je bois je me sens moi. Je n’ai plus peur.


Je sais exactement quand est arrivé le verre de trop. J’ai attendu l’excuse si fort que je pense l’avoir provoquée. Je me suis donnée bonne conscience et personne ne m’a jugé. J’avais traversé l’enfer et mes amis, à bout de mots, pour me consoler, me servaient un verre. Je finissais la bouteille et j’avais le sourire. Tout le monde était content. Socialement, boire en cas de grosse tempête, est acceptable. La perte de contrôle ne l’est pas. Alors je mens. A moi d’abord aux autres ensuite. Personne ne voit rien mais moi je sais. Je suis alcoolique.


On parle d’alcoolisme mondain pour dédramatiser mais je bois seule. Ça n’a plus rien de festif. Quand le besoin se confond avec l’envie prendre un verre devient une habitude. J’ouvre une bouteille chaque soir et je la vide. Je mets du baume sur mon petit cœur abîmé et de l’onguent sur les plaies du monde. C’est une maladie choisie, consentie, mon radeau d’infortune. Je sombre, je flotte, peu importe. Je suis ailleurs. J’arrêterai demain.


Véronique Lanonne ©2019

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