J’attendais 17 h pour prendre ma première dose. Ici, il fait nuit de bonne heure. Novembre le mois où la nuit s’étale. À 15 h 30 l’ombre tombe sur mon monde. L’apéro se transforme parfois en beuverie. Pour arrêter de voir, arrêter d’entendre, arrêter de penser. Un verre après l’autre j’éteignais ma colère. Je devenais plus humaine, plus compréhensive, enfin dans le meilleur des cas, parce que, quelquefois, l’effet s’inverse. Et tout ce qui est sombre devient opaque.
Au petit matin, la tête dans un étau et le cœur à l’envers, tout remonte. Et c’est comme si chaque matin j’apprenais une mauvaise nouvelle. La même. En boucle. Ma fuite à moi s’appelait Jaja. Un remède miraculeux pour oublier. Mais ça ne dure pas. Lumière éteinte, mon âme aux abonnés absents, plus de voix dans ma tête, plus de rêves trop prégnants. Une seule connexion ouverte, celle du temps qui défile sur mon horloge, jusqu’au 5.
J’ai quitté Jaja il y a peu. J’ai retrouvé ma lumière, les voix et les rêves. Je me suis remise à écrire. J’ai retrouvé l’espoir et l’humanité qui m’anime. Je vous ai retrouvé vous. Jaja me manquera mais pas tout de suite. Je l’aime tant cette lumière.
Véronique Lanonne @2021
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