top of page
  • Photo du rédacteurVéronique Lanonne

PATOU

Y’avait jamais rien dans le frigo de Patou, ses placards étaient presque vides et à chaque fois que les enfants rentraient de l’école, ils gueulaient qu’il n’y avait rien à manger. Elle prenait une pomme dans la corbeille de fruits et leur tendait. Chaque soir, elle faisait griller un oignon à la cocotte, elle y balançait deux morceaux de viande et des patates, la seule chose qui changeait, c’était la sauce. Et Patou c’était la reine de la sauce. Je me régalais. Les enfants aussi.

Elle faisait le tri, Patou, y’avait toujours un tas de trucs devant sa porte. Des boîtes et des bidons que les enfants peinaient à vouloir sortir. Pour l’apéro, elle vous sortait des chips rances et des biscuits plus que secs. Mais l’alcool était bon. Il faisait froid chez Patou l’hiver mais elle avait toujours un gilet à vous prêter. L’été, elle ouvrait toutes les fenêtres pour créer des courants d’air. Les enfants gueulaient quand les portes claquaient.

Elle regardait des films d’auteur chilien ou congolais, lisait des livres que personne ne lisait. Se servait de son téléphone fixe et avait un vieux Nokia avec antenne et clapet pour les urgences. Elle n’aimait pas trop le progrès, Patou. Elle avait une vieille voiture qu’elle a tiré jusqu’au bout et plus de 15 ans pour une Fiat, croyez-moi, ça tient du miracle. Elle s’en servait pour aller nourrir ses vieux, comme elle disait.

Elle n’avait pas un rond, Patou, mais un cœur tellement gros qu’elle aurait pu y mettre le monde entier. L’amour ça s’achète pas. Elle me manque.

Véronique Lanonne

@2021

Mon livre « Mots pour Maux, d’une vie à l’autre » est disponible partout.

PARTAGEZ ! Aidez-moi !

45 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

MARIE

bottom of page