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Photo du rédacteurVéronique Lanonne

PERCHÉE

J’ai longtemps caché mon côté perché. Je me suis lestée de malheur pour rester accrochée à la terre. Juste pour me fondre dans le moule. Paraître normale. Peu de ceux qui me connaissent savent vraiment ce qui m’anime. Mais les grands secrets n’aspirent qu’à sortir de l’ombre…


La première fois que je suis sortie de mon corps, j’avais 9 ans et un vieux corps pénétrait le mien. Je flottais au-dessus d’une scène de crime. Détachée, heureuse, alors que le drame avait lieu sous mes yeux. Plus rien de ce qui se passait n’avait d’importance. Je vivais au-delà de mon corps. Je ressentais un bien-être humainement indescriptible. J’étais dans l’invisible. Mieux, j’étais partie intégrante de l’invisible.


Je ne me suis jamais sentie à ma place nulle part sauf en cet instant sublime. En bas la cruauté des hommes s’abattait sur un corps sans défense et, de là où j’étais, je sentais l’amour partout. Je n’ai jamais pensé avoir rêvé cet instant de bonheur pur. Jamais. Même quand j’ai réintégré ce pauvre petit corps meurtri, bien trop étroit. Jamais.


Je l’ai occulté longtemps. Tout comme le reste de mes perceptions. Aujourd’hui la parole se libère et on ose. Être médium, canal, clairaudient… c’est avoir la capacité d’accepter que nous sommes bien plus grands que nous pensons l’être et que la vie ne s’arrête jamais.


Véronique Lanonne

@2021

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