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  • Photo du rédacteurVéronique Lanonne

LE CHANT DU CYGNE

J’ai perdu des lecteurs comme j’ai perdu des amis. J’ai perdu une grande partie de ma famille aussi. Je ne milite pas, je me fais toute petite et je vous le dis, de mon mètre plus que quatre-vingt c’est un exploit ! Je ne sors pratiquement plus. Plus envie. Je ne propage pas. Ne juge pas. Et comprends la réalité de chacun. La peur nous encercle, elle nous étouffe. L’incompréhension mute et se transforme en rage. La violence éclate et la vérité est aux abonnés absents. Le meilleur moment de ma journée est quand je me couche. J’oublie. J’oublie que le monde part en couille, que l’humanité peu à peu disparaît, qu’on confond maintenant volontairement cas et lits de réa.


Tout ce que je sais faire c’est écrire, et encore là, beaucoup penseront, très mal. C’est ce que j’ai dedans, je suis née avec, alors je l’honore. J’ai mis du temps à me trouver, et maintenant que je me tiens, je vais plus me lâcher. Je pourrais vous écrire des choses joyeuses et je le fais parfois, mais pour redonner l’espoir, il faut savoir trancher dans le vif. Bien des peuples pensent que la souffrance fait partie intégrante du processus de guérison. Nous sommes donc tous sur le bon chemin.


Pour vendre, beaucoup sont prêts à faire des sacrifices. Sacrifier sur l’autel du Sacro-Saint dollar leur intégrité. Moi, je n’ai plus que ça. Pas un Dollar en poche. Juste mes tripes à coller sur le billot. Je n’ai pas peur de passer l’arme à gauche, je vois les non-morts depuis toujours. Je sers au mieux en laissant parler mon cœur. J’ai perdu des lecteurs comme j’ai perdu des amis. J’ai perdu une partie de ma famille aussi. Mais je vous assure que je ne me perdrai plus jamais.


Véronique Lanonne @2021

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